Une lycéenne française a été tuée et 25 autres personnes ont été blessées, dimanche soir, dans l'attentat près d'un café en bordure du souk Khan el-Khalili, au coeur du Caire historique. Parmi les blessés, figurent 17 adolescents français, tous originaires de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), en banlieue parisienne.
Un Allemand, trois Saoudiens et quatre Egyptiens ont également été touchés par l'attentat.
Une grenade a explosé dimanche vers 18h50 locales (17h50 à Paris), la police affirmant qu'il s'agissait d'un engin artisanal déposé sous un banc de pierre, des témoins disant qu'il a été lancé en direction du groupe. Trois suspects ont été arrêtés sur place peu après cet attent non revendiqué, a annoncé la police. Plusieurs témoins du drame sont entendus par les enquêteurs. Selon une source policière, l'engin «contenait des morceaux de métal et des clous». Elle a indiqué que le second engin avait été désamorcé par des artificiers.
Douze lycéens de Levallois toujours sur place
La Française tuée était âgée de 17 ans. Elle faisait partie d'un groupe de lycéens de Levallois arrivés le 16 février en Egypte pour un séjour touristique de huit jours organisé par la municipalité. Dimanche soir, deux groupes, l'un de 30 jeunes et l'autre de 24, s'étaient retrouvés avec leurs sept accompagnateurs sur la place al-Hussein pour aller faire des emplettes dans les échoppes du souk Khan al-Khalili. Une dizaine de jeunes était restée à l'hôtel. «Nous étions tous regroupés avant d'organiser le quartier libre. Il y a eu une très forte détonation. Puis les cris, du sang. On s'est tous mis à courir», a raconté Romy Janiw, une accompagnatrice de 28 ans.
Lundi, 55 jeunes touristes français ont été rapatriés à Paris où ils ont atterri peu avant 11H30 à l'aéroport de Roissy, tandis que finalement 12 autres sont restés au Caire, dont les trois encore hospitalisés. «Beaucoup ont des tympans touchés par la déflagration ou ont des écorchures», a précisé cette nuit Isabelle Balkany, première adjointe au maire de Levallois, au Parisien.fr. «C'était un voyage de centre de vacances comme nous en organisons tous les ans», a-t-elle ajouté, saluant le professionnalisme de l'ambassade de France au Caire.
Cellule de crise à Roissy
Une cellule de crise - composée d'un médecin, d'une infirmière et deux psychologues - avait immédiatement été mise en place en mairie de Levallois-Perret dès l'annonce de l'attentat. Les familles sont arrivées sur place à partir de 19 heures. L'inspecteur d'académie a également été contacté pour prévenir les établissements des élèves concernés par l'attentat. Cette cellule a été déplacée lundi matin à l'aéroport de Roissy, où sont attendus les lycéens;
Voir ici l'interview du maire adjoint de Levallois
« Les parents de la jeune fille décédée partiront demain matin (ndlr ce lundi matin) par le premier avion », avait précisé Isabelle Balkany. Un avion de Mondial assistance avait décollé de Paris dimanche soir vers 23 heures avec à son bord des médecins français. Le Quai d'Orsay a ouvert un numéro d'information pour les familles : 01 45 50 34 60
A Paris, Nicolas Sarkozy a fait part de sa «profonde émotion». Il a transmis «ses condoléances à la famille de la victime et adressé un message de sympathie et de solidarité aux blessés et à leurs proches».
Un précédent en avril 2005
Le bazar de Khan al-Khalili, où convergent chaque jour des milliers de touristes, avait déjà été le théâtre d'un attentat en avril 2005, dans lequel deux touristes français et un Américain avaient été tués. L'attaque de dimanche soir est la première contre des touristes en Egypte depuis le triple attentat qui avait frappé la station balnéaire de Dahab, dans la péninsule du Sinaï, en avril 2006, dans lequel 20 personnes, dont six ressortissants étrangers, avaient été tuées, en plus des trois kamikazes. Deux autres grandes cités balnéaires du Sinaï, en bordure de la mer Rouge, avaient également été visées en 2004 et 2005: Taba (34 morts) et Charm-el-Cheikh (70 morts).
Les autorités les avaient attribués à des bédouins islamistes membres du groupe Al-Tawid wal Jihad, estimant qu'ils avaient eu des liens avec des islamistes palestiniens de la bande de Gaza. Trois avaient été condamnés à mort et exécutés. Mais ces attentats ne semblaient pas reliés à la violence islamiste orchestrée par des groupes al-Jihad et al Gamaa al Islamiya qui avait provoqué la mort de 1.300 personnes dans les années 1990.
Cet attentat dans un lieu aussi symbolique que Khan al-Khalili pourrait peser lourdement sur le tourisme en Egypte, déjà touché par la crise économique. Le ministre du Tourisme, Zoheir Garranah, a «condamné avec force» cette attaqué, exprimant l'espoir qu'il n'aurait pas de répercussions négatives sur le tourisme en Egypte, dans une déclaration à l'agence officielle Mena. Avec 13 millions de visiteurs l'an dernier, c'est un secteur clé qui a rapporté 11 milliards de dollars pour l'année fiscale 2008, soit 11,1% du PNB, et emploie 12,6% de la population active.